Facture d'énergie
Les éléments à prendre en compte pour calculer les kWh en euros

Caroline B

Entre les ajustements réglementaires, les évolutions fiscales et la nécessité de financer la transition énergétique, la fiscalité de l'électricité connaît des mutations profondes qui impactent directement le budget des foyers français. Comprendre ces changements devient essentiel pour anticiper les conséquences sur les factures et identifier les leviers d'action à disposition.
Une taxe sur l'électricité constitue un prélèvement fiscal appliqué sur la consommation ou l'abonnement d'énergie électrique. Au-delà du prix de l'énergie elle-même, trois taxes et contributions fixées par l'État s'appliquent systématiquement, quel que soit le fournisseur ou l'offre choisie.
Ces prélèvements portent à la fois sur la partie fixe de l'abonnement et sur la consommation d'électricité, et sont collectés directement par le fournisseur pour être reversés aux autorités publiques compétentes.
Concrètement, ces taxes financent plusieurs missions d'intérêt général : le soutien aux énergies renouvelables, la solidarité territoriale pour les zones non interconnectées au réseau métropolitain, le maintien et la modernisation du réseau de distribution, ainsi que des dispositifs sociaux comme le chèque énergie.
Depuis le 1er août 2025, la fiscalité applicable à l'électricité a connu une évolution majeure avec l'harmonisation du taux de TVA à 20 % sur l'ensemble des composantes de la facture, conformément aux exigences de la législation européenne.
Les trois taxes principales qui composent aujourd'hui la fiscalité de l'électricité sont : l'accise sur l'électricité (anciennement CSPE et TICFE), la Contribution Tarifaire d'Acheminement (CTA), et la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). Ensemble, elles représentent environ un tiers du montant total d'une facture d'électricité pour un particulier.
L'augmentation de la fiscalité sur l'électricité résulte d'une combinaison de facteurs structurels et conjoncturels. Contrairement à une idée reçue, la hausse constatée sur les factures des particuliers en 2025 ne provient pas uniquement du coût de production de l'électricité, qui ne représente que 35 % du total et a même diminué grâce à l'amélioration de l'efficacité du parc nucléaire et à la baisse des prix du gaz naturel.
En réalité, trois composantes majeures expliquent cette progression :
L'augmentation continue du Tarif d'Utilisation des Réseaux Publics d'Électricité (TURPE) constitue le premier facteur. Le réseau électrique français, le plus grand réseau transfrontalier d'Europe, nécessite des investissements massifs en maintenance. Environ 70 % des lignes de transport françaises ont été construites entre 1970 et 1990 et entrent désormais dans une période de maintenance intensive. En 2025, le TURPE a connu une hausse de 7,7 %, ce qui impacte mécaniquement la CTA, indexée sur ce tarif. La modernisation intelligente du réseau, nécessaire pour intégrer les énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque), représente à elle seule 15 % du montant total du TURPE en 2025.
Les ajustements fiscaux et la fin de mesures de soutien temporaires expliquent également cette tendance. Le gouvernement avait maintenu l'accise sur l'électricité à un niveau très bas (1 € par MWh) du 1er février 2022 au 31 janvier 2024 dans le cadre du bouclier tarifaire énergétique. À la sortie de cette crise, et notamment pour renflouer les caisses de l'État suite au coût de ce dispositif, l'accise a été relevée à 33,70 €/MWh en février 2025, soit une augmentation de 60 % par rapport à son niveau précédent de 21 €/MWh.
L'harmonisation de la TVA imposée par Bruxelles constitue le troisième élément structurant. L'Union européenne impose l'application d'un taux de TVA uniforme pour des services inséparables. La France appliquait jusqu'alors une TVA réduite de 5,5 % sur l'abonnement et une TVA normale de 20 % sur la consommation. Cette double taxation n'étant pas conforme au droit européen, un taux unique de 20 % s'applique désormais à l'ensemble de la facture depuis le 1er août 2025.
Désormais regroupée sous l'appellation accise sur l'électricité, l'ancienne Contribution au Service Public de l'Électricité (CSPE) et la Taxe Intérieure sur la Consommation Finale d'Électricité (TICFE) forment aujourd'hui une taxe nationale unique. Il s'agit d'une taxe obligatoire appliquée à toutes les consommations d'électricité en France, quelle que soit l'offre choisie ou le fournisseur. Cette taxe est directement prélevée par les fournisseurs puis reversée à l'État, plus précisément à la Direction Générale des Finances Publiques (DGFiP).
Créée en 2003, l'accise sur l'électricité joue un rôle central dans le financement de la politique énergétique française. Placée sous la supervision de la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE), elle permet notamment de :
Les tarifs normaux d'accise ont fortement évolué en 2025. Pour les consommations intervenant entre le 1er février et le 31 juillet 2025, ils s'établissent à 33,70 €/MWh pour la catégorie "ménages et assimilés", 26,23 €/MWh pour les PME et 22,50 €/MWh pour la haute puissance.
Entre le 1er août et le 31 décembre 2025, ces tarifs sont passés à 29,98 €/MWh pour les ménages (soit 25,09 €/MWh auxquels s'ajoute une majoration de 4,89 €/MWh pour le financement des zones non interconnectées), 25,79 €/MWh pour les PME et 25,79 €/MWh pour la haute puissance.
Cette taxe a généré des recettes considérables pour l'État : 1,66 milliard d'euros en 2009, 5,62 milliards d'euros en 2014, 8,45 milliards d'euros en 2018, et environ 8,4 milliards d'euros prévus pour 2020 selon la CRE.
Ancienne taxe locale sur l'électricité, la Taxe sur la Consommation Finale d'Électricité (TCFE) a été fondue dans l'accise sur l'électricité. Jusqu'en 2016, cette taxe était divisée en trois sous-taxes : la Taxe Communale sur la Consommation Finale d'Électricité (TCCFE), la Taxe Départementale sur la Consommation Finale d'Électricité (TDCFE), et la Taxe Intérieure sur la Consommation Finale d'Électricité (TICFE). Elle était collectée par les fournisseurs d'électricité directement sur la facture.
La TCFE concernait tous les consommateurs finaux d'électricité dont la puissance souscrite était inférieure ou égale à 250 kVA. Le montant de la TCFE se calculait en appliquant le coefficient multiplicateur de la commune ou du département au tarif de référence de l'État. Tous les utilisateurs finaux d'électricité, particuliers comme professionnels, étaient tenus de régler cette taxe, prélevée directement sur la facture d'électricité.
Néanmoins, quelques exceptions permettaient de se soustraire à cette taxe. Parmi les exonérations possibles, on comptait par exemple la production d'électricité utilisée pour le transport de marchandises ou de personnes. Depuis sa fusion dans l'accise, ces dispositions ont été simplifiées et harmonisées au niveau national.
La TVA sur l'électricité a connu une réforme majeure au 1er août 2025. La loi de finances pour 2025 a validé la suppression du taux de TVA réduit à 5,5 % sur les factures d'électricité. Cette évolution résulte d'une mise en conformité fiscale avec le droit européen. La France appliquait jusqu'à maintenant une TVA réduite à 5,5 % sur la part fixe de l'abonnement et une TVA normale à 20 % sur la consommation. Cette double taxation n'est pas autorisée par l'Union européenne qui impose des taux de TVA uniformes pour un même service.
Désormais, un taux de TVA unique à 20 % est appliqué sur l'ensemble de la facture d'électricité : l'abonnement, la consommation, la Contribution Tarifaire d'Acheminement (CTA), et l'accise sur l'électricité. Cette harmonisation vise à se conformer à une directive européenne exigeant l'application d'un taux de TVA uniforme pour les éléments indissociables d'un même bien ou service.
Cette réforme, introduite par la loi de finances pour 2025, marque un tournant dans la fiscalité énergétique française. Elle met fin à plusieurs décennies d'application d'un taux réduit sur l'abonnement, mesure qui visait à alléger la charge fiscale sur la partie fixe de la facture, particulièrement sensible pour les petits consommateurs et les ménages modestes.
Quelles conséquences pour les particuliers ?
L'impact des évolutions fiscales sur les factures d'électricité des particuliers se matérialise à travers plusieurs mécanismes cumulatifs. Initialement résiduelle sur la facture d'électricité, la part et le montant des taxes collectées n'ont cessé de grimper, comme dans la plupart des secteurs de l'économie.
En février 2025, l'accise a augmenté de 60 %, passant de 21 € à 33,70 € par MWh HT. Le TURPE a également connu une hausse très forte de 7,7 %, entraînant une augmentation mécanique de la CTA du fait de son indexation sur ce tarif. En août 2025, le gouvernement a mis fin au taux réduit de TVA de 5,5 % portant sur l'abonnement d'électricité HT, sur la CTA et sur l'accise, qui est passé à 20 %. En compensation, le taux d'accise a été abaissé de 11 %, de 33,70 € à 29,98 € par MWh.
Pour compenser cette hausse de la part liée à l'abonnement, le gouvernement a prévu un abaissement de l'accise et du TURPE. Cela répond à une recommandation de la CRE afin de maintenir les tarifs réglementés à un niveau stable. L'accise est ainsi passée de 33,70 €/mégawattheure à 29,98 €/MWh au 1er août 2025. Le TURPE, qui avait connu une augmentation de 7,7 % en février 2025, a baissé d'environ 2,5 % dans le même temps.
Néanmoins, entre l'augmentation des taxes, du TURPE et du coût de l'abonnement, les ménages doivent encore faire face à des dépenses énergétiques bien plus lourdes qu'il y a quelques années. Si la baisse du tarif réglementé en 2025 a permis d'alléger légèrement les factures, elle ne suffit pas à compenser les hausses accumulées depuis 2021.
L'impact de l'harmonisation de la TVA à 20 % n'est pas homogène selon les profils de consommation. Cette hausse entraînera une augmentation du niveau moyen de l'abonnement de 23 € TTC par an, selon l'évaluation de la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE). Pour un foyer au tarif bleu d'EDF, le coût TTC de l'abonnement annuel revenait à 164,64 € par an (13,72 € par mois) pour une puissance de 6 kVA, la plus courante pour les particuliers. Avec le nouveau taux à 20 %, ce montant dépasse désormais les 185 € TTC.
L'impact sur le tarif réglementé de vente d'électricité dépend directement du niveau de consommation des usagers. Pour les faibles consommations, l'augmentation de la part de l'abonnement sera plus visible que la baisse liée à la consommation. Pour les fortes consommations en revanche, la facture pourra afficher une baisse, car la réduction du prix du kilowattheure aura davantage d'impact sur le montant de la consommation, et l'augmentation de l'abonnement liée à la hausse de TVA se fera moins sentir.
Avec la baisse de l'accise, le prix au kilowattheure est passé de 0,2016 € à 0,1952 €. Cette réduction compense partiellement l'augmentation de la TVA sur l'abonnement pour les consommateurs moyens et importants.
Pour comprendre précisément l'impact des augmentations fiscales sur son budget énergétique, il convient d'examiner attentivement les différents postes de dépenses détaillés sur la facture d'électricité. Les fournisseurs d'énergie comme TotalEnergies s'engagent à fournir des factures claires et détaillées, permettant à chaque client de comprendre la composition exacte de ses dépenses.
Une facture d'électricité typique comprend plusieurs lignes détaillant les différents éléments de la consommation et les coûts :
La méthode de fixation des Tarifs Réglementés de Vente d'Électricité (TRVE) repose sur un empilement des coûts qui intègre : les coûts d'approvisionnement en énergie et garanties de capacité sur le marché (y compris la part relevant de l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique), les coûts d'acheminement (TURPE), le coût de commercialisation, et le coût de la rémunération normale de l'activité de fourniture. Le TRVE TTC, facturé par les fournisseurs historiques, intègre également 1 contribution et 2 taxes.
Pour vérifier concrètement l'impact de l'augmentation des taxes sur sa facture, il convient de :
En cas de difficulté à interpréter les différentes lignes de la facture, il est recommandé de contacter directement son fournisseur qui dispose d'un service client dédié pour expliquer la composition détaillée de chaque poste de dépense.
Face à l'augmentation de la fiscalité énergétique, adapter sa consommation d'électricité constitue le premier levier d'action à la portée de tous les ménages. Plusieurs mesures simples et efficaces permettent de réduire significativement la facture d'électricité sans sacrifier le confort de vie.
Éteindre les veilles des appareils électriques représente une économie substantielle. Garder en veille les équipements audiovisuels et informatiques, les appareils de cuisson et le petit électroménager (cafetière, machine à pain) n'est pas très utile. Cette simple action peut permettre d'économiser jusqu'à 15 % de la facture d'électricité (hors chauffage et eau chaude), soit plus de 100 € par an. Débrancher une machine expresso, qui contient une veille cachée, permet d'économiser 3 à 4 € par an. L'utilisation de multiprises à interrupteur facilite cette démarche en permettant d'éteindre plusieurs appareils simultanément.
Optimiser l'éclairage constitue un autre axe d'amélioration significatif. Les lampes à LED consomment peu d'électricité et durent longtemps (jusqu'à 40 000 heures), compensant largement leur prix d'achat. C'est la meilleure solution d'éclairage domestique, à condition qu'elles durent plus de 20 000 heures et soient bien classées sur l'étiquette énergie. Les lampes à LED permettent de jouer sur la teinte de la lumière pour créer des ambiances adaptées aux différentes pièces. Les blancs chauds de 2 700 à 3 500 kelvins sont préférables pour le salon et les chambres, tandis qu'une lumière plus dynamique (3 500 à 4 500 kelvins) convient mieux à la cuisine ou à la salle de bain.
Améliorer l'isolation du logement représente l'investissement le plus rentable à moyen et long terme. Le chauffage représentant 66 % de la consommation d'énergie des ménages, il est essentiel d'éviter autant que possible les déperditions de chaleur. Pour diminuer les besoins de chauffage et réduire les factures tout en gagnant en confort, la seule solution durable consiste à vivre dans un logement bien isolé. La chaleur s'échappe principalement par le toit mais aussi par les murs, les planchers bas et les fenêtres. Des travaux d'isolation ciblés, combinés aux aides publiques disponibles, permettent de réaliser des économies substantielles et durables.
De nombreux dispositifs et aides sont accessibles pour alléger sa facture d'électricité et réaliser des économies d'énergie durables. Le Chèque Énergie est une aide de l'État versée sous conditions de ressources pour le paiement des factures ou le financement de travaux de rénovation énergétique. Pour ceux qui envisagent des travaux, des dispositifs comme MaPrimeRénov' ou les Certificats d'Économie d'Énergie (CEE), dont les primes des fournisseurs d'énergie, permettent de réduire le coût d'une isolation ou du remplacement d'un système de chauffage par un équipement plus performant. En cas de difficultés de paiement ponctuelles ou régulières, le Fonds de Solidarité Logement (FSL) peut également être sollicité. Il est essentiel de se renseigner auprès des services sociaux, de l'Anah (Agence nationale de l'habitat) ou des conseillers France Rénov' pour déterminer son éligibilité et optimiser l'utilisation de ces aides.
Pour maîtriser au mieux votre budget électricité, il est crucial d'adopter le réflexe de la veille régulière du marché. Depuis l'ouverture à la concurrence, de nombreux fournisseurs proposent une variété d'offres (prix fixes, prix indexés, offres vertes, heures creuses/pleines) qui évoluent constamment. Prendre le temps de comparer les tarifs et les services disponibles est la meilleure façon de s'assurer que l'on bénéficie du contrat le plus adapté à son profil de consommation (type de chauffage, taille du logement, équipements, etc.). Changer d'offre ou de fournisseur est une démarche simple et gratuite qui peut engendrer des économies significatives sur la facture annuelle sans avoir à modifier ses installations. N'hésitez donc pas à utiliser les comparateurs en ligne et à revoir votre contrat au moins une fois par an.
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